L'industrie du textile est largement reconnue comme l'une des plus néfastes et polluantes pour la planète à l'échelle mondiale. Ses conséquences dévastatrices sont multiples :
- L’industrie textile est le troisième secteur le plus consommateur d’eau dans le monde après la culture du blé et du riz. Elle utilise 4% de l’eau potable disponible dans le monde pour sa production et concourt à l’épuisement des ressources en eau.
- Elle dégrade les écosystèmes et la biodiversité par des rejets industriels toxiques et/ou nuisibles polluant l’air et l’eau.
- Elle émet près de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (soit 4 milliards de tonnes), ce qui représente plus que l’impact des vols internationaux et du trafic maritime réunis !
L’essor de la fast fashion (mode rapide, jetable, basée sur l’hyperconsommation) depuis les années 2000 a encouragé une production toujours plus importante de vêtements et autres textiles et ce développement s’est fait sans tenir compte des conséquences environnementales, sociétales et sanitaires désastreuses qu’il produit.
Problématique à chaque étape de son cycle de vie, l’industrie textile l’est tout particulièrement lors de la production de ses matières premières. En effet, composées principalement de fibres synthétiques issues d’énergies fossiles transformées grâce à la pétrochimie, ou de matières naturelles cultivées à grand renfort d’eau, d’engrais et de pesticides chimiques, les matières premières utilisées dans l’industrie textile représentent à elles seules environ 2/3 de l’impact global de cette industrie sur l’environnement.
Cependant, la fabrication et l’acheminement du textile comprennent également de nombreuses étapes et procédés pouvant nuire à l’environnement (pollution) et aux personnes travaillant dans les usines de production. L’impact sociétal de cette industrie n’est donc pas des moindres non plus !
Ainsi face aux nombreux défis environnementaux et sociétaux, il est devenu indispensable d’opérer de profonds changements dans nos modes de consommation, en passant d’une hyperconsommation insoutenable à une consommation raisonnée et responsable, de la production à la fin de vie des textiles.
C’est l’engagement qu’ont pris les pouvoirs publics en Europe, en faisant du textile un secteur prioritaire dans le Plan d’Action Européen sur l’Economie Circulaire, et notamment en France avec la loi AGEC du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. Appliquée au textile, elle amorce la transition du secteur vers un système de production, de consommation et de distribution plus respectueux de l’environnement. Depuis le 1er janvier 2023, elle oblige notamment les fabricants à mettre en ligne des informations détaillées sur les caractéristiques environnementales des produits afin de fournir aux consommateurs une information plus complète et transparente au moment de l’acte d’achat.
Les informations suivantes doivent être mentionnées :
- le taux de matière recyclée,
- le taux de recyclabilité,
- la présence de métaux précieux, de terres rares, de substances dangereuses et de microfibres plastiques qui risquent d’être rejetés au lavage,
- et enfin la traçabilité géographique détaillée des 3 étapes majeures de fabrication des textiles (tissage, teinture, assemblage/finition).
L’affichage des primes et pénalités versées par les fabricants aux éco-organismes en charge de la gestion et du traitement des produits en fin de vie est également rendu obligatoire.
Pas simple pour autant de savoir par où commencer à titre individuel, pour trouver du linge pratique, confortable, écologique et pérenne pour le porte-monnaie. Cela l’est encore moins pour une Collectivité, qu’il s’agisse d’un établissement sanitaire, social ou médico-social, où le linge plat (médical ou non) et les vêtements professionnels sont notamment achetés en gros ; et où se conjuguent des critères tels qu’économies, contraintes règlementaires et qualité.
Décryptage des types de matières premières :
Pour bien comprendre l’industrie textile, il est important de faire la différence entre les 3 différents types de matières premières dont sont issus les tissus :
-
Matières naturelles :
Ces matières sont obtenues à partir de sources naturelles et peuvent être d'origine végétale ou animale. Parmi les exemples notables figurent le coton, le lin, la laine et la soie. Leur processus de fabrication implique principalement la culture des matières premières et leur transformation en fil sans nécessiter l'utilisation d'additifs chimiques. Cependant leur culture intensive peut nécessiter l’usage de beaucoup de ressources naturelles (eau, sols, etc.) et l’utilisation de produits chimiques polluants (engrais, pesticides, insecticides, etc.), ce pourquoi il est recommandé de privilégier ces matières en culture biologique. Le coton biologique par exemple est cultivé sans produits chimiques et permet d’économiser 91% d’eau par rapport à du coton conventionnel.
-
Matières artificielles :
Les matières artificielles sont élaborées à partir de substances naturelles telles que la cellulose extraite de végétaux comme le bois, le bambou, l’eucalyptus ou l'ananas, qui sera ensuite transformée par des processus chimiques afin d’obtenir un tissu. Biodégradables, ces matières sont prometteuses mais leur fabrication, elle, a des effets sur l’environnement. Elle implique l’utilisation de produits chimiques très toxiques tels que l’hydroxyde de sodium, l’acide sulfurique ou le disulfure de carbone qui peuvent provoquer de graves maladies aux populations avoisinantes des usines. Certaines matières artificielles sont aujourd’hui considérées comme durables malgré leur processus de fabrication transformé, lorsqu’elles utilisent des solvants non toxiques, comme le Lyocell par exemple, ou lorsque leurs solvants sont récupérés et revalorisés dans d'autres industries.
-
Matières synthétiques :
Les matières synthétiques sont entièrement fabriquées par des procédés chimiques à partir de ressources fossiles limitées telles que le charbon ou le pétrole. Parmi les exemples les plus courants, on trouve le polyester, le nylon, l'acrylique et l'élasthanne. Produites chimiquement, ces matières polluent en relâchant des microparticules de plastiques à chaque lavage qui ne peuvent pas être traitées en station d’épuration et se retrouvent dans les océans et la nature. (L’équivalent de 24 milliards de bouteilles plastiques sont relâchées chaque année dans le monde en microparticules de plastique).
Consultez le glossaire des matières pour en savoir plus.
Sur quels critères redoubler de vigilance lors du choix d’un produit textile ?
Parmi les critères auxquels il convient de porter une attention particulière, on retrouve :
- L’utilisation de matières dites « à haute performance environnementale », d’origine naturelle ou artificielle, issues de matières premières locales et/ou recyclables :
- Du côté des fibres naturelles, optez pour les moins gourmandes en ressources, et n’ayant pas recours aux pesticides et OGM comme le lin ou le chanvre. Le coton, lui, est une matière naturelle très énergivore : 1KG de coton nécessite 5000L d’eau pour pousser, sans compter les pesticides utilisés. Préférez donc des vêtements en coton issu de l’agriculture biologique ou du commerce équitable plus respectueux de la planète et des hommes.
- Du côté des fibres synthétiques artificielles, privilégiez les matières d’origine végétale et traitées chimiquement sans solvant toxique ; telles que le Lyocell, le modal ou encore l’Ecovero®. La viscose (si certifiée FSC / PEFC) est également une option bien que son process de fabrication soit très polluant.
- Du côté des fibres animales : préférez la laine et la soie, à condition qu’elles soient issues de filières certifiées n’ayant pas recours aux pesticides, au traitement par produits chimiques et se souciant des conditions d’élevage des animaux.
- Du côté des matières synthétiques : issues du pétrole et polluantes par le rejet de microfibres plastiques lors de leur lavage, elles sont peu recommandables, bien que leur utilisation soit parfois indispensable. Privilégiez des marques recourant au synthétique recyclé (ex. polyester recyclé), à partir de chutes de tissus, de vêtements usagés ou de déchets plastiques (ex. bouteilles).
- > Consultez la rubrique Le glossaire des matières pour en savoir plus.
- L’optimisation des processus de fabrication afin de réduire :
- les consommations d’énergie sur les sites de production, notamment l’eau lors de la culture de certaines fibres (coton), ou la transformation (lavage du jean),
- l’utilisation de techniques et produits toxiques et/ou nuisibles pour l’environnement et les hommes, pendant le processus de transformation (solvants, teintures, sablage, etc.),
- la production de déchets.
- La lutte contre l’exploitation humaine / la main d’œuvre peu chère : les entreprises de l’industrie textile, en majorité de Chine, du Bangladesh, du Vietnam, de l’Inde et de la Turquie sont mises en concurrence sur leur capacité à produire vite et à moindre coût. Cette compétitivité ne permet pas de garantir des conditions de travail adéquates aux travailleurs : salaires en-deçà des minima vitaux, absence de protection sociale, d’unions syndicales et autres instances représentatives du personnel, infrastructures vétustes et normes de sécurités faibles, etc.
- L’optimisation de la chaîne logistique et des transports des produits en vue de réduire les trajets. Privilégiez des textiles produits localement lorsque c’est possible.
- La mise en place de boucles de recyclage locales ou de réemploi.
Plusieurs dizaines de labels environnementaux existent pour aiguiller les consommateurs dans le choix de leurs produits. Ils leur indiquent les produits réputés « fiables » (résistants, faciles à entretenir) et « durables » (réparables, facilement démontables, bénéficiant de garanties).
Les experts du Réseau APOGÉES vous recommandent les labels suivants. Certains sont disponibles dans la sélection de produits à votre disposition.
La meilleure façon d’adopter une démarche responsable autour de la consommation textile reste encore de conserver ses textiles le plus longtemps possible, de se poser la question de l’utilité de nouveaux achats et de réduire la fréquence de consommation de nouveaux produits.
Comme nous l’avons vu, l’industrie textile a un impact majeur sur l’environnement, à toutes les étapes du cycle de vie des produits : production de la matière première, fabrication, transport mais l’utilisation que l’on fait des textiles est également importante.
En effet, l’impact environnemental de la phase d’utilisation du vêtement n’est pas négligeable : il sera maintes fois lavé, séché, repassé et consommera beaucoup d’eau et d’énergie tout en rejetant potentiellement des microparticules de plastiques (si matières synthétiques) ou des substances nocives (si produits lessiviels toxiques).
Ainsi pour réduire l’impact de l’entretien des textiles, optez pour un lavage n’excédant pas 40°C et une lessive écolabellisée. Consultez notre article concernant les produits d’entretien durables et notre sélection « Produits d’entretien et d’hygiène » pour trouver un produit lessiviel adapté.
Et pour finir, pensez à la fin de vie des textiles ! Qu’ils soient abîmés ou que vous vous en soyez lassés, ne les jetez pas à la poubelle. Privilégiez le don, le tri pour recyclage ou encore la revente. N’hésitez pas à consulter les ressources de Refashion concernant le recyclage des vêtements et les points de tri.
Les ressources pour aller plus loin :
- Pour approfondir le sujet des labels environnementaux, n’hésitez pas à consulter :
- les ressources de l’ADEME
- le site labelinfo.be et ses tableaux de comparatifs de labels par catégorie,
- Pour aller plus loin sur la thématique du textile responsable et de l’économie circulaire, consultez :
- Les ressources de l’Institut de l’Economie Circulaire
- Les ressources de l’ADEME : Dossier Mode Durable, Article sur l'impact de la mode, Infographie Mode, Analyse de l'impact des vêtements
- les ressources du Gouvernement
- Tout savoir sur les matières textiles en consultant les ressources Les Optimistes ou celles de WeDressFair
- Recyclage des déchets : passez de l’interrogation à l’action en consultant les ressources de la Fibre du Tri
- Enfin pour plus de détails sur les matières plus durables, consultez notre glossaire des matières
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