Une enquête de 60 millions de consommateurs parue en 2016 est venue confirmer que les produits d’entretien et d’hygiène, aussi dits « ménagers », présents dans tous les foyers et environnements professionnels sont dangereux pour la santé et l’environnement, et ce quel qu’en soit leur type.
Ces produits, dont l’objectif est de contribuer à la mise en propreté des lieux, sont en effet composés de substances nocives (acide chlorhydrique, peroxyde d’hydrogène, etc.) qui libèrent des micropolluants :
- dans l’air : l’air intérieur est jusqu’à 5 à 7 fois plus pollué que celui de l’extérieur et contient jusqu’à 900 substances nocives,
- dans l’eau : quelques microgrammes par litre (l’équivalent d’une cuillère à café) relâchés chaque jour dans les eaux usées mais non-traités par les stations d’épuration faute de coûts, suffisent à polluer les milieux aquatiques, mettant en danger la faune et la flore.
Ils sont également émetteurs de composés organiques volatiles, aussi nommés COV (benzène, formaldéhyde) préjudiciables pour la santé des personnes qui en sont au contact avec des effets sanitaires plus ou moins variables : du risque d’irritation des voies respiratoires et d’allergies, au risque cancérigène. Sans compter la composition de leurs emballages, le plus souvent en plastique non recyclable, qui contribue à la crise existante des déchets plastiques.
Deux types de produits sont particulièrement sous le feu des projecteurs par leurs effets néfastes : les désinfectants / antibactériens (ex. javel) connus pour leur effet biocide, et les détergents, dont la majorité est issue de la pétrochimie. Ils sont complétés par des produits tels que les désodorisants combustibles et non-combustibles (aérosols et sprays), les décapants, les adoucissants, les cires et laques, les détachants et détartrants.
Halte par ailleurs aux idées reçues ! Augmenter la quantité de produit n’est pas gage d’un nettoyage efficace, tout comme un environnement qui sent bon n’est pas forcément un environnement de vie propre et sain pour la santé. Au contraire, plus un produit masque des odeurs, plus il est généralement dangereux pour la santé et l’environnement par sa composition en substances toxiques et l’émission de COV qu’il génère.
La bonne nouvelle, c’est que le Règlement Européen CLP (n° 1272/2008 « Classification, Labelling and Packaging »), oblige les fabricants de produits d’entretien à apposer sur les emballages des pictogrammes permettant d’identifier les risques encourus à leur usage.
La moins bonne nouvelle, c’est qu’en dépit du Règlement Européen Reach (n°1907/2006) destiné à sécuriser la fabrication et la mise sur le marché des substances chimiques, plus de 100 000 substances sont autorisées sur le marché européen alors que les effets sanitaires ne sont connus que pour 3 000 d’entre elles.
Le constat est posé, et pourtant, impossible de faire l’impasse sur la mise en propreté des lieux, dans des environnements professionnels comme personnels.
L’enjeu du nettoyage est d’autant plus important pour les établissements sanitaires et médico-sociaux pour lesquels l’entretien des locaux est un prérequis essentiel à la prise en charge des patients et à la qualité d’accueil et de soins qui leur est proposée. Soumis à des réglementations strictes (AFNOR, ARS, etc.) et à des contrôles réguliers en matière d'hygiène et de sécurité, ces établissements doivent par ailleurs se conformer à des normes spécifiques pour garantir la protection de la santé des résidents. L’usage quotidien de désinfectants et de détergents chimiques est donc un risque à prendre en compte pour les gestionnaires de ces établissements. En effet, l’impact peut être important sur la santé des résidents (allergies, infections respiratoires, problèmes cutanés, résistance des bactéries aux antibiotiques, etc.) et il est donc crucial de mettre en œuvre des alternatives plus écologiques dans tous les locaux où il est possible de le faire (zones autres que celles à atmosphère contrôlée).
Comment faire des choix éclairés ? Sur quels critères redoubler de vigilance lors du choix des produits ?
Pour s’investir dans une démarche de nettoyage plus vertueuse et limiter son recours à des produits toxiques, les principaux critères à prendre en compte lors du choix d'un produit d’hygiène et d’entretien sont :
-
sa composition :
Un produit d’entretien est dit responsable s’il est sain, naturel et biodégradable. Il ne doit pas contenir de substances nocives pour ne nuire ni à l’environnement, ni aux écosystèmes naturels.
Les principales substances nocives étant : les composés organiques volatils (COV), l’ammoniaque, les tensioactifs de synthèse, les phosphates, les terpènes, le dichlore, et les parfums chimiques incluant généralement des phtalates.
Pour s’assurer que la composition des produits est responsable, privilégiez :
- Les produits naturels (bicarbonate de soude, savon noir, vinaigre blanc, citron, ect.),
- Les produits biosourcés et biodégradables formulés à partir d’ingrédients d’origine naturelle (l’acide lactique, par exemple, est une substance désinfectante d’origine végétale obtenue par un procédé de fermentation naturelle à partir de sucres),
- Les produits écolabellisés (labels recommandés ci-dessous).
Gare également aux huiles essentielles qui, bien que naturelles, possèdent parfois des propriétés allergisantes et irritantes pour les voies respiratoires. Mieux vaut les utiliser avec parcimonie et sensibiliser les utilisateurs à l’absence d’odeur des produits d’entretien responsables.
-
sa fabrication :
La fabrication de produits chimiques nécessite un apport important en ressources (énergie, eau) et implique un coût "produit" très élevé. C’est pourquoi choisir un produit dont le procédé de fabrication nécessite moins d’ingrédients et/ou moins de processus chimiques peut déjà avoir un effet sur la préservation des ressources énergétiques. Le recours aux énergies renouvelables lors de la fabrication du produit est également un facteur à privilégier.
Par ailleurs, le produit ne doit pas avoir été testé sur des animaux.
-
son utilisation :
Le produit doit être optimisé afin d’éviter une surconsommation et le rejet de micropolluants inutiles dans l’air et dans l’eau.
Les formules concentrées sont idéales pour cela. Si vous optez pour ce type de produit, pensez à prévoir une formation sur le dosage adéquat lors de la dissolution pour votre personnel d’entretien car ils perdent leurs avantages écologiques s’ils ne sont pas utilisés correctement.
-
son élimination / fin de vie :
Il est préférable d’opter pour les produits dont l’emballage est écoconçu en vue d’améliorer leur recyclabilité (ex. contenant issu de fibres de canne à sucre). Les emballages souples sont par ailleurs plus ergonomiques, moins lourds et nécessitent moins de ressources lors de la production ; permettant par ailleurs de réduire la manutention et le risque que les salariés développent des troubles musculosquelettiques.
Faciliter le recyclage des produits, c’est également porter une attention forte à l’encre utilisée sur les emballages. Composée de matériaux et produits de synthèse non-renouvelables (pigments, liants, adjuvants, accélérateurs de séchage), l’encre décuple en effet l’impact carbone des produits, et ce même si elle est en partie végétale (ex. huile de lin, huile de soja).
Opter pour des produits utilisant la technique de l’éco-encrage apporte une solution à cette problématique. Cette technique consiste à repenser les étiquettes des produits pour diminuer autant que possible la quantité d’encre utilisée. Les grands aplats de couleurs sont évités au profit d’un dessin des contours des formes, ce qui permet de limiter l’utilisation de ressources.
On parle de produits écolabellisés, mais quels sont les labels à privilégier ?
Les experts du Réseau APOGEES vous recommandent les labels suivants. Certains sont disponibles dans la sélection de produits à votre disposition.
Les points de vigilance :
Un produit d’entretien et d’hygiène écolabellisé n’est pas 100% vert. Bien que plus performant sur la dimension environnementale qu’un produit classique, il peut recourir toutefois à certaines molécules issues de la pétrochimie. Méfiez-vous des étiquettes et du marketing associé qui pourraient laisser penser le contraire !
Peu de labels intègrent par ailleurs l’ensemble du cycle de vie des produits et il faut parfois creuser le sujet si vous souhaitez intégrer des critères responsables aux différents stades de vie du produit, notamment en matière de distribution tel que cela a déjà été évoqué dans un précédent article. Essayez de privilégier des fabricants français qui s’engagent à réduire les émissions de CO2 liées à leur logistique et qui participent à la création d’emplois.
Bonnes Pratiques :
D’autres bonnes pratiques existent et peuvent être adoptées pour limiter votre impact sur la santé et l’environnement. Pour améliorer la qualité de l’air intérieur, agissez notamment à la source en faisant de l’entretien de vos systèmes de ventilation-climatisation-chauffage une priorité. Pensez à aérer vos locaux en ouvrant chaque jour les fenêtres quelques minutes et en éteignant les systèmes de chauffage afin d’éviter toute déperdition de chaleur et l’impact associé sur votre budget énergie.
Les techniques d’entretien des locaux comptent au moins autant que les produits utilisés, et certaines permettent d’obtenir d’excellents résultats, comme le nettoyage par vapeur qui ne détériore pas la qualité de l’air et permet un nettoyage en profondeur et une dissolution des graisses. L’aération des pièces où cette technique est employée est cependant nécessaire pour éliminer l’humidité dans l’air.
Des solutions mécaniques sont à privilégier lorsqu’elles sont possibles, par exemple l’utilisation de ventouses ou furets pour déboucher des canalisations avant d’utiliser des produits ménagers.
L’usage de chiffons en microfibre secs ou humides est plus efficace que l’usage de chiffons en coton classique, et permet d’obtenir de meilleurs résultats. La microfibre pénètre toutes les aspérités quel que soit le revêtement de la surface, décroche mieux les résidus et génère jusqu’à 30% d'économies (quantité d’eau et consommation de produit) ; préservant ainsi l’environnement, la santé des travailleurs (réduction des troubles musculosquelettiques) et réduisant le coût général de l’entretien des locaux.
En ce qui concerne les établissements sanitaires et médico-sociaux, les appareils de nettoyage comme les machines à disques et les brosses rotatives, ou les techniques de désinfection non-chimiques (sans usage de produits de contact) telles que la voie aérienne ou l’émission de rayonnements ultraviolets sont particulièrement adaptés.
Ayez conscience qu’en milieu professionnel, la mise en place d’une démarche responsable passe nécessairement par un changement de pratiques, impliquant la formation régulière des salariés aux différents produits et techniques utilisés. Les fournisseurs d’hygiène et d’entretien des locaux du Réseau APOGÉES, à l’instar d’Heegeo proposent d’accompagner et de former leurs clients sur les dangers des produits chimiques, sur le dosage adéquat, le port d’EPI et la mise en place d’un étiquetage clair.
Hedis et PLG proposent quant à eux à leurs clients des formations aux matériels de nettoyage ainsi qu’aux méthodes RABC et HACCP liées à leurs obligations règlementaires. PLG a notamment mis en place une offre de collecte et de revalorisation des déchets – Revaloriz by PLG – permettant de donner une seconde vie aux déchets de leurs clients professionnels (emballages plastiques vides, EPI, gobelets cartons, essuie-mains usagés, métal contenu dans les aérosols, etc.).
Les ressources pour aller plus loin :
- Point sur les règlementations
- Pour en savoir plus sur les labels environnementaux :
- les ressources de l’ADEME
- le site labelinfo.be et les tableaux de comparatifs de labels par catégorie
- Consultez l’infographie « Si on faisait le ménage dans nos produits toxiques » sur le site « Qu’est-ce qu’on fait »
- Tout savoir sur le « Made In France »
- Quelques ressources pour les établissements sanitaires et médico-sociaux :
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