Qu’ils soient économiques, sociaux ou environnementaux, les besoins des territoires en milieu rural sont au moins aussi nombreux que les défis auxquels ils doivent faire face.
Le vieillissement de la population, le manque d'offres d'accompagnement et d'inclusion des personnes vulnérables, les difficultés de recrutement et une présence faible d'entreprises privées : les enjeux autour de l'attractivité des territoires ruraux sont de taille.
Face à ces problématiques, les collectivités doivent pouvoir compter sur la mise en place de solutions d’utilité sociale et de proximité au service des habitants. Ce sont souvent en coopérant avec les acteurs de l’ESS qu'ils y répondent car ces acteurs sont souvent les plus à même de proposer des solutions.
En effet, les ressources financières n’étant pas extensibles, la coopération entre différent acteurs du territoire est souvent la clé de voûte de la résilience et de la pérennisation de ces territoires. Elle leur permet de mettre en commun leurs moyens et d’enrichir leurs offres de services en mutualisant leurs ressources. Ce sont également souvent de ces rencontres qu'émergent les innovations supportant la vie des territoires ruraux.
Pour illustrer ce point, nous avons choisi de mettre en lumière quelques exemples de coopérations en territoire ruraux, portées par certaines de nos structures adhérentes qui œuvrent pour répondre aux différentes problématiques de leurs territoires.
Le rayonnement local du territoire :
Robin Baladi, Coordinateur d’Isère Drôme Destination Juniors (IDDJ), association adhérente et partenaire du Réseau APOGÉES, et représentant des centres de vacances de l’Isère et de la Drôme, nous explique le principe du ruissellement économique. Il pointe l’importance de la présence de ces structures sur les territoires : "Une immense partie du chiffre d'affaires réalisé par un centre de vacances profite directement à l’économie locale. A cette valeur économique directe s'ajoutent aussi les achats “indirects” (qui ne passent pas par le centre) : prestataires, remontées mécaniques, souvenirs, etc.".
Ouverts 10 mois dans l’année pour la majorité, ces établissements sont producteurs de "lits chauds". Ainsi, en plus de promouvoir un tourisme plus responsable, empreint de solidarité, ils sont également créateurs d’emplois durables et non-délocalisables.
Enfin, certains centres contribuent directement au bon fonctionnement d’autres structures du territoire : c’est le cas pour 1 centre sur 5 qui gère la restauration scolaire de son village par exemple.
Le fonctionnement en réseau grâce au regroupement au sein d’IDDJ et le développement de liens avec d’autres parties prenantes du territoire (offices de tourisme, collectivités et élus, partenaires associatifs et institutionnels, etc.) donnent davantage de poids et de pertinence aux actions communes mises en place afin de valoriser l’offre de services du territoire, source de dynamisme et d’expériences pédagogiques. "Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin".
La création de formations et le développement de l'emploi :
Pour Julie Paquelin, Responsable du développement et formatrice à l’ARFRIPS (69), le développement de partenariats territoriaux permet de rebondir et de créer une dynamique dans un contexte tendu (crise de vocation, baisse des subventions). C’est ce qui a poussé l’organisme de formation lyonnais à se rapprocher de l’ADAPEI 15 pour ouvrir une formation d’éducateurs spécialisés à Maurs dans le Cantal.
Le partenariat permet aux deux structures de mutualiser leurs ressources et défendre leur ancrage territorial : l’ADAPEI 15 ne bénéficiant pas d’agrément, ce sont les formateurs de l’ARFRIPS qui dispensent les cours dans les locaux à Maurs, en proposant des cours en visioconférence communs avec les étudiants de Lyon.
L’accompagnement de la dépendance et le maintien du lien social :
En Saône-et-Loire, afin de répondre aux besoins identifiés sur le terrain pour favoriser le maintien à domicile des personnes âgées, l’ADMR 71 a développé plusieurs activités en complément de ses services d’aide et de soins à domicile. Depuis 1992, l’association propose un service de portage de repas à domicile dont bénéficient les personnes âgées accompagnées et vivant seules.
M. Hamel, Directeur de la Fédération que nous avons rencontré, indiquait que ce service représente à lui seul 300000 repas confectionnés par an par des traiteurs ou des cuisines centrales implantés sur le territoire et transportés par 39 chauffeurs. La Fédération est le seul acteur de Saône-et-Loire à proposer ce service et occupe la 3ème position au niveau national.
Un service de téléassistance a également été développé afin de sécuriser le quotidien des 1600 bénéficiaires accompagnés et de rassurer leur famille avec un centre d’appels disponible 24h/24 et 7j/7. L’ADMR 71 fait appel à des professionnels dédiés et formés à l’écoute des personnes âgées et handicapées, capables d’analyser les situations afin de faire intervenir au plus vite les secours adaptés. L’assistance est gérée par un prestataire qui travaille exclusivement avec l’association, ce qui permet plus de réactivité.
Les structures de l’aide à domicile participent activement au déploiement de la politique d’inclusion et au maintien du lien social. Elles font partie des acteurs de terrain les plus à même d’apporter des solutions face à des problématiques de société grandissantes.
Le soutien à la parentalité :
Dans un contexte où le nombre d’assistantes maternelles décline tandis que les besoins d’accueil de jeunes enfants explosent, l’ADMR 71 se fixe pour objectif d’ouvrir 6 micro-crèches supplémentaires d’ici fin 2023 (4 se sont montées depuis 2017 en Saône-et-Loire). Un projet qui implique de nombreux autres acteurs tels les communes d’accueil, la CAF et les services de PMI. Du recueil de besoins de la population, en passant par l’étude de la faisabilité et de la pérennité du projet, il faut compter 2 à 3 ans avant qu’une structure ne voit le jour. Ce partenariat multi-acteurs permet de mutualiser les risques : les communes construisent, ou trouvent des locaux à réhabiliter, les louent à l’ADMR 71 qui gère ensuite 100% de leur fonctionnement (aménagement et recrutement des salariés).
L’association Isère Drôme Destination Juniors permet quant à elle aux jeunes enfants de partir à la découverte des territoires et de leurs joyaux. Comme d’autres acteurs du tourisme social, elle participe à l’éducation citoyenne de la jeunesse, en sensibilisant les touristes de demain aux valeurs sociales et environnementales.
En conclusion :
Ces exemples au sein de structures qui présentent des enjeux et des fonctionnements à priori différents, mettent cependant en évidence le même aspect : la coopération entre les différents acteurs du territoire est indispensable pour aider ce même territoire, en particulier en milieu rural, à continuer à vivre, et à créer du lien entre ses habitants.
Le site des Achats Responsables Mutualisés est propulsé par le Réseau APOGÉES en réponse aux besoins explicités par les adhérents du Réseau d’avoir un espace de partage entre pairs et des solutions clés en main pour piloter leur politique d’achats durables.
Devenez adhérent du Réseau APOGÉES pour bénéficier de notre force de mutualisation et mieux maîtriser vos fonctions support.
Le Réseau APOGÉES remercie toutes les personnes citées dans cet article pour leurs témoignages :
- M. Robin Baladi, Coordinateur de l’association Isère Drôme Destination Juniors (IDDJ), réseau qui regroupe les acteurs du tourisme social entre Alpes et Provence,
- Mme Julie Paquelin, Responsable du développement et formatrice à l’ARFRIPS, Association d’Auvergne Rhône-Alpes pour la Formation, la Recherche et l’Innovation en Pratique Sociale,
- M. Hamel, Directeur général de la Fédération ADMR 71, Aide à Domicile en Milieu Rural de Saône-et-Loire,
Ainsi que ses collaborateurs pour l’écriture, le recueil des interviews et leurs expertises :
- Laurence Laplace, Chargée d’accompagnement et des territoires du Réseau APOGÉES,
- Anne Ruat-Tchekemian, Adjointe de coordination Sud-Est,
- Manon Chabrier, Responsable marketing & transformation digitale du Réseau APOGÉES.
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