En matière d’impacts sur l’environnement et les hommes, le secteur de l’ameublement n’est pas en reste ! Toutes les étapes du cycle de vie d’un meuble, de sa fabrication à son élimination sont concernées. En effet, les matériaux utilisés proviennent le plus souvent de sites de déforestation massive. Ils parcourent des milliers de kilomètres, depuis l’autre bout du monde, pour être importés puis assemblés au sein d’entreprises ne garantissant pas toujours des conditions de travail décentes à leurs salariés.
Chaque année, des millions d’hectares de forêts sont détruits. Des millions de tonnes de CO2 sont relâchées dans la nature et des quantités astronomiques d’eau sont utilisées pour alimenter un mode de consommation linéaire (c-à-d acheter-utiliser-jeter) devenu insoutenable.
Et les conséquences ne s’arrêtent pas à la fabrication ! On les retrouve à l’utilisation, puisque 20 % de la pollution intérieure d’un foyer est liée à la libération dans l’air, par le mobilier, de composés organiques volatiles (COV), néfastes pour l’environnement et la santé (ex. formaldéhyde).
Afin de pallier ces dérives sur l’environnement et sur les hommes, la mise en place d’une politique d’ameublement responsable est plus que jamais nécessaire !
C’est l’engagement qu’ont pris les pouvoirs publics en Europe, et notamment en France avec la loi AGEC du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. Elle est destinée à accélérer le changement de modèle de production et de consommation, dans un objectif de protection de l’environnement. Appliqué au mobilier, l’article 58 stipule que, depuis le 1er janvier 2021, certains organismes tels que les Collectivités et leurs groupements doivent s’assurer que les biens qu’ils achètent chaque année sont issus « du réemploi, de la réutilisation, ou intègrent des matières recyclées dans des proportions de 20 % à 40 % selon le type de produit » :
- Le réemploi désigne « toute opération par laquelle des substances, matières ou produits, qui ne sont pas des déchets, sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus », (ADEME)
- A contrario, la réutilisation désigne « toute opération par laquelle des substances, matières ou produits, qui sont devenus des déchets, sont utilisés de nouveau et pas forcément pour un usage identique à celui d’origine », (ADEME)
- Enfin, le recyclage désigne « toute opération de valorisation par laquelle les déchets sont retraités en substances, matières ou produits aux fins de leur fonction initiale ou à d'autres fins ». (ADEME)
Tout produit s’inscrivant dans l’un de ces concepts est déjà un produit éco-responsable.
Sur quels critères redoubler de vigilance lors du choix d’un meuble ?
Parmi les critères auxquels il convient de porter une attention particulière lors d’achat de mobilier, on retrouve :
- L’origine du matériau : côté bois, préférez un matériau issu de forêts certifiées, gérées durablement, luttant contre la déforestation et pour des conditions de travail décentes. Le recours à des fibres naturelles d’origine végétale telles que le lin ou le rotin est également préconisé. Enfin comme on l’a vu précédemment, des matériaux issus du réemploi, de la réutilisation ou intégrant une forte proportion de matières recyclées (ex : carton ou plastique recyclé) sont également tout à fait convenable. Ils permettent d’éviter l’utilisation de nouvelles ressources naturelles.
- Le type de matériau : si possible, préférez un bois massif plutôt qu’un bois aggloméré. Souvent moins solide et donc peu durable, ce type de bois recoure à des colles, vernis et solvants néfastes pour l’environnement et pour la santé. Il libère des COV responsables d’allergies, de problèmes respiratoires, ou encore présentant un risque de cancer.
- Le processus de fabrication : outre le recours à des substances nocives évoquées au point précédent, il convient également de s’intéresser aux engagements que se fixent les fabricants concernant les économies d’énergies et d’eau lors de la production. La gestion des déchets est également un critère de taille à ne pas négliger en préférant des fabricants qui intègrent à leurs process le traitement et/ou la revalorisation des déchets (ex. sciures de bois transformées en énergie de chauffage).
- La durabilité : assurez-vous de choisir un produit résistant en privilégiant un matériau massif plutôt qu’aggloméré comme vu précédemment. L’aspect « démontable » est également essentiel dans une démarche éco-responsable puisqu’il facilite la réparation et la réutilisation / revalorisation du produit. Veillez également à vous renseigner quant à la disponibilité des pièces de rechange et à l’existence d’une garantie. Certains labels par exemple, intègrent dans leur cahier des charges la disponibilité des pièces de rechange et une garantie minimale de 5 ou 10 ans selon le type de mobilier.
- L’acheminement: l’aspect logistique, intégrant l’emballage, le conditionnement, le stockage et le transport, est un critère important dans une démarche d’écoresponsabilité. Mieux vaut choisir un meuble fabriqué en France ou en Europe plutôt qu’un meuble produit à l’autre bout du monde en Chine. Privilégiez des fournisseurs qui optimisent leurs transports et limitent les retours à vide. Privilégiez aussi ceux qui intègrent des matériaux recyclés dans leurs emballages et qui utilisent des conditionnements aux bonnes dimensions pour éviter tout superflu.
- La fin de vie: ayez recours à des entreprises qui intègrent un service de reprise et de recyclage de votre ancien mobilier et des meubles entièrement recyclables.
Quels sont les labels à privilégier ?
Plusieurs dizaines de labels environnementaux existent pour assurer les consommateurs des caractéristiques écologiques de certains produits d’ameublement moins impactants pour l’environnement. Ces labels garantissent également que ces meubles possèdent une qualité d’usage et une aptitude à l’emploi au moins équivalente à celle d’autres meubles d’usage similaire.
Les experts du Réseau APOGÉES vous recommandent les labels suivants. Certains sont disponibles dans la sélection de produits à votre disposition.
Les points de vigilance :
Les garnissages des meubles (sièges, dossiers ou matelas) sont encore souvent faits de mousses en polyuréthane ou polyester (issus d’énergie fossile et émetteurs de COV nocifs). Il faudrait donc se tourner plutôt vers des alternatives utilisant des matériaux naturels (latex, coton, fibre de coco, laine, plume, etc.).
De plus, pour mieux comprendre les critères de durabilité des tissus utilisés sur certains produits d’ameublement, n’hésitez pas à lire notre article sur les enjeux du textile.
Les conseils :
La meilleure façon d’adopter une démarche responsable reste encore de se poser la question de l’utilité de son achat.
Si vous cherchez à acquérir un bien, pensez à la seconde main si vous le pouvez, en ayant recours à diverses alternatives. Car oui, acheter un meuble d’occasion ou un meuble recyclé à partir de produits de récupération, c’est déjà acheter éco-responsable. Vous éviterez un achat neuf superflu dont l’empreinte carbone serait bien plus élevée.
La loi AGEC prévoit par ailleurs la création de fonds réparation, financés par certaines filières pollueur-payeur. Ils permettent d’offrir aux consommateurs une réduction sur leur facture de réparation afin de les encourager à réparer plutôt qu’à racheter un produit neuf. Le bonus réparation dédié aux équipements électriques et électroniques est effectif depuis décembre 2022 et celui concernant l’ameublement devrait voir le jour courant 2024.
Vous pouvez également consulter des sites de dépôt-vente sur votre territoire ou prendre contact avec une recyclerie / ressourcerie proche de chez vous.
Enfin, l’ADEME a développé un annuaire des professionnels participant à l’économie circulaire. Cet annuaire vous permet d’entrer en contact avec des entreprises aptes à faciliter le partage, l’achat d'occasion, la réparation, le don ou la revente de matériel toutes catégories confondues. Consultez le site Longue Vie aux Objets pour en savoir plus.
Quelques inconvénients sont à noter cependant autour du marché de l’occasion :
- La recherche s’avère plus fastidieuse que pour un produit classique, surtout si vous cherchez des produits en quantité.
- Prenez garde également à ce que vos trouvailles correspondent aux normes et classifications requises par votre structure, pour une équivalence d’utilisation.
- Selon les meubles et les revendeurs, le prix pourra parfois être plus élevé, mais les bénéfices pour votre santé comme pour l’environnement en valent la peine, en vous assurant d’investir dans du mobilier durable et de qualité.
Enfin, concernant la reprise et le recyclage de vos anciens meubles, sachez que de plus en plus de fournisseurs fabricants ou distributeurs travaillent avec des organismes gérant ces aspects. C'est le cas de Valdelya, un éco-organisme à but non lucratif, agréé par le ministère de la Transition Ecologique, dont l’une des missions consiste à collecter et recycler les mobiliers professionnels usagés. Certains de nos partenaires-fournisseurs en sont adhérents.
Les ressources pour aller plus loin :
- Pour approfondir le sujet des labels environnementaux, n’hésitez pas à consulter :
- Pour aller plus loin sur la thématique du mobilier responsable et de l’économie circulaire, consultez :
- Articles récents
- Coup de propre sur les produits d’entretien et d’hygiène responsables
- Comment cheminer vers une alimentation responsable ?
- Textile et achats responsables : par où commencer ?
- En route vers la mobilité durable
Partie 2 : Comment s’engager dans cette démarche ? - En route vers la mobilité durable
Partie 1 : Quels enjeux et obligations ? - Comment adopter une démarche responsable en santé ?
Les démarches RSE initiées au sein de vos structures nous intéressent !
Partagez vos expériencesCatégories
- Retours d'expériences
- Passer à l'action, en pratique
- Démarches d'adhérents
- Réseau APOGÉES
- Tous les articles
- Articles récents
- Coup de propre sur les produits d’entretien et d’hygiène responsables
- Comment cheminer vers une alimentation responsable ?
- Textile et achats responsables : par où commencer ?
- En route vers la mobilité durable
Partie 2 : Comment s’engager dans cette démarche ? - En route vers la mobilité durable
Partie 1 : Quels enjeux et obligations ? - Comment adopter une démarche responsable en santé ?